Ce projet est né de la rencontre du Réunionnais Danyel Waro et du Corse Jean-Claude Acquaviva. Aussi coriaces l’un que l’autre, aussi viscéralement attachés à leur île. Deux « résistants », deux défenseurs de leur langue, deux poètes.
Prenant à son compte le « maloya », la musique des esclaves et des cérémonies, Danyel Waro, né en 1955, chante l’amour de cette terre, son pays, et de tous ceux qui y vivent. Il chante sa colère aussi, face aux abus du passé, aux inégalités du présent. Avec des mots qui dansent, qui « sonnent, guérissent, dérangent », il chante l’indignation passionnelle de ceux qui veulent être reconnus. C’est dans le créole de son île, à travers la bouleversante chaleur de sa voix généreuse, qu’il transmet ardeur et fureur.
De même s’il arrive à l’Ensemble A Filetta de voyager du côté de l’italien, du géorgien ou du latin c’est évidemment la langue corse qui vit au cœur de ses chants. Tout comme Danyel Waro, Jean-Claude Acquaviva - de dix ans son cadet - accorde sa confiance aux paroles, à leurs rythmes et cadences. Pour l’un comme pour l’autre, il ne s’agit pas de « maintenir » une tradition, encore moins de s’y enfermer, mais de la faire vivre.
Voilà pourquoi furent créées en 1989, les Rencontres des Chants Polyphoniques de Calvi, où se retrouvent, des groupes de toutes nationalités, de toute obédience musicale et où se sont connus et reconnus Danyel Waro et Jean-Claude Acquaviva. C’est également en 1989 qu’est né le Festival Africolor. Pour leur vingtième édition, les deux festivals décidaient en 2008 de provoquer la rencontre entre ces deux artistes et leurs formations.
Après cette première rencontre et après plusieurs concerts en France, en Europe et à La Réunion, il est apparu évident que cette création se devait de trouver une suite : après le ravissement de la rencontre, il fallait goûter à la joie des retrouvailles et d’une nouvelle profondeur.
Les théâtres départementaux de la Réunion ont donc décidé d’accueillir en résidence ce projet fin septembre 2011. Il a donc été créé un spectacle entièrement nouveau « polyphonies insulaires ».
Ce travail a mis notamment l’accent sur le dialogue non seulement possible mais chaleureux entre deux langues dites minoritaires (corse et créole) : Le Maloya de Danyel Waro et la polyphonie d’A Filetta ont toujours accordé une importance prépondérante au texte, à sa qualité, sa musicalité, son imaginaire.